Aujourd’hui je lance un nouveau rendez-vous qui j’espère durera et vous plaira. J’ai eu envie de laisser de la place aux parents qui me lisent et m’écrivent en privé. Pouvoir parlez de votre expérience en tout anonymat… Aujourd’hui, avec son accord, je vous livre le témoignage de Joëlle M. Joëlle M n’est pas son vrai nom et j’espère qu’elle comprendra le petit clin d’oeil. Voici son allaitement. Je pense qu’il y a autant d’allaitement que de maman autant d’allaitement que de maman et que d’enfants… Bonne lecture.
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Lors d’une séance d’haptonomie en juin, la sage-femme m’a demandé pour quelles raisons je souhaitais arrêter l’allaitement. Je lui ai donné une réponse sans en être convaincue. Après y avoir bien réfléchi, voici ma réponse que j’ai eu besoin d’écrire.
Enceinte, je me suis dit que j’essaierai d’allaiter, mais je ne voulais pas que cela soit trop élaboré.
J’avais eu des informations essentielles sur l’allaitement.
Je voulais l’expérimenter, si ça marchait tant mieux, si non tant pis…
“Allaitement exclusif à la demande”, “don de soi”, “avoir le moral”, je ne m’étais pas posée trop de questions sur le sens de ces notions, il a fallu les vivre pour les comprendre.
Au niveau physiologique : je n’ai pas de douleurs particulières, la “machine” fonctionne.
Au niveau physique : outre le rapport au corps qui change et les bouffées de chaleur, je ressens une connection physique en présence de ma fille Jude, c’est très particulier…mais surtout…
Au niveau psychologique, c’est le yoyo complet ! Je perds la notion du temps, ce qui est très perturbant…Je réalise le caractère exclusif / à la demande de l’allaitement ; que Jude a besoin de moi ( seulement de moi…) de manière inconditionnelle pour répondre à un besoin primaire : se nourrir. Cela m’a renvoyé à mon histoire personnelle et interrogé sur ce grand bouleversement de devenir maman. J’ai pris peur.
J’ai traversé ces états émotionnels. J’ai eu besoin de beaucoup en parler, d’être bien entourée et de lire des articles sur l’allaitement, des récits d’expériences…tout en faisant appel à mes ressources personnelles. Cela m’a énormément aidé à “tenir le coup” et à “lâcher prise”.
Rapidement, je me suis apaisée. J’ai pu en tirer un bénéfice au niveau personnel, pour Jude et dans la construction de notre relation mère-fille.
Au bout d’un mois, j’ai finalement eu besoin de construire un projet d’allaitement pour le solidifier et me repérer dans le temps. Mon objectif est alors d’allaiter jusqu’aux deux mois de ma fille et de faire le “sevrage” durant le troisième mois avant de reprendre le travail. J’envisageais un allaitement mixte sur le deuxième mois pour avoir plus de souplesse dans ma petite vie. Finalement, je ne suis pas convaincue par le tire-lait et contre toute attente, je ne suis pas prête à donner le biberon. Je réalise que j’ai trouvé un certain confort dans mon allaitement et un équilibre avec ma fille. Je me sens disponible pour le mener en exclusif jusqu’à ses deux mois.
Puis la question du sevrage est revenue sur le tapis, pas spécialement en raison de la reprise du travail. Poursuivre l’allaitement en reprenant le travail peut se réaliser si on le souhaite, c’est une autre étape à franchir. Ce n’était pas mon cas.
Sur le plan personnel, j’avais besoin de me retrouver à plusieurs niveaux.
Je voyais également que ma fille changeait beaucoup, ses besoins évoluaient. Je la sentais en sécurité affective avec nous/moi et s’ouvrir sur le monde. Le mot sevrage signifie séparation. Je préfère le terme “transition”. “La transition aux biberons”, c’est une autre manière de se nourrir et une évolution de notre lien qui restera toujours aussi fort mais de manière différente. Je n’ai donc pas utilisé le terme sevrage mais transition.
Enfin, lors d’une pesée, Jude avait pris seulement quatre-vingt grammes en une semaine, j’ai vu cela comme “un signe” et je me suis dit que c’était le bon moment pour introduire tranquillement les biberons à la place des tétées.
Le 17 juin, c’est décidé, ce sera le jour du premier biberon ! Le premier essai et les suivants ne sont pas concluants. Je ne me sens pas à l’aise pour lui donner, elle semble en difficulté pour le prendre. Je mets ça sur le compte de la tétine. Je me retrouve de nouveau dans des questionnements. C’est moi qui choisis d’arrêter, pas elle. Peut-être que je culpabilise un peu…que j’appréhende aussi si cela entraîne des changements dans notre petite routine…Finalement ces deux mois sont passés tellement vite, bientôt la reprise du travail, la nounou…Bref, je ne suis finalement pas encore prête et Jude le ressent surement…!
Nous en parlons beaucoup avec mon copain. Il me propose d’aller voir la sage femme qui m’a aidé à poursuivre l’allaitement lors des premières semaines. A la suite de ce rendez-vous le 26 juin, j’ai un déclic. Ca y est je me sens vraiment prête ! Toutefois, le mercredi 3 juillet soit une semaine plus tard, je suis encore encore hésitante au moment de “passer à l’acte”. C’est alors que mon copain prends le taureau par les cornes au réveil de la sieste de Jude. Je la prends sur mes genoux, il lui donne le biberon…c’est ainsi qu’elle a bu son premier biberon. C’était le bon moment, et surtout j’avais besoin de lui pour m’aider à franchir cette étape et oui… d’une certaine manière de “couper le cordon”. La suite de cette transition aux biberons s’est passée tranquillement comme elle a commencé, à trois… pour totalement se terminer le samedi 20 juillet soit trois mois après la naissance de ma fille.
Mon allaitement aura été une série d’ambivalence et d’émotions, c’est peut-être cela être maman, alors ce n’est que le début…! Cette période a été difficile et chouette en même temps. Au plus profond de moi, j’avais besoin de le faire, c’est pourquoi j’ai tenu. Allaiter a contribué à ce que je me sente la maman de Jude. J’ai appris à la connaitre, à être à son écoute, à répondre à ses besoins et surtout à l’aimer…
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Merci, mille fois merci pour ce témoignage, le premier d’une jolie série je l’espère. Si jamais vous avez aussi l’envie d’écrire, maman, papa, papy, mamie ou parents en devenir, paranges ; peu importe le sujet tant qu’il vous tient à coeur… cela peut être anonyme ou non. Il suffit d’en parler ensemble et de voir ce qu’il est possible de faire. N’hésitez pas voici mon mail anais@hashtag-mum.com
Anaïs.